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CHAPITRE VIII

consistance. Lorsque l’amphore est ainsi fabriquée et bien sèche, on creuse dans l’appartement un trou dont le diamètre dépasse d’environ un mètre celui du tandour lui-même ; au fond de ce trou l’on place une pierre plate ; puis besogne délicate, on transporte le tandour sur cette pierre. Une ouverture, pratiquée à la partie inférieure de la paroi du tandour, communique par un conduit oblique avec le niveau du sol, près de la porte ; ce conduit sert d’appel d’air. Tout l’espace libre autour du tandour est rempli de cendres que l’on recouvre à hauteur du sol d’un gâchis de mortier.

Le tandour étant ainsi en place, on y allume du feu et on le remplit entièrement de combustible ; ce feu maintient pendant deux ou trois jours une température suffisante pour cuire la terre du tandour.

Il est à noter que l’appartement lui-même prend le nom de tandour. Toute la famille s’y rassemble en hiver ; lorsque le feu est tombé, on se blottit en rond autour du tandour ; les plus privilégiés ont le droit de laisser pendre leurs jambes dans le four même ; les autres les abritent du moins sous une grande couverture qui conserve la chaleur du foyer.

Ce système de chauffage, laissant la chambre froide et surchauffant les extrémités du corps peut, à bon droit, passer pour très malsain ; mais il n’y a guère de chance de le voir jamais modifié, car il est universel. Pour éviter les courants d’air, on a généralement soin de ne pas placer la porte dans le même axe que le tandour, mais près d’un coin de la pièce.

Reste à parler du combustible.

Dans toute l’Arménie et la Perse, le bois est très rare ; on le remplace par les fameuses « galettes combustibles ».

Une des grandes occupations des femmes de la campagne consiste à ramasser soigneusement la fiente des animaux. Cette fiente est artistiquement pétrie à la main avec les petits fétus de paille, résidus du battage des grains ; la galette que l’on forme ainsi est ensuite vigoureusement plaquée contre un mur où elle sèche,