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CHAPITRE IX

nyme d’habitants musulmans de la Perse, sont en général braves et vifs et ont l’imagination féconde ; voluptueux, ils le sont à l’excès, et le mariage chez eux est fort abaissé.

Naturellement ils sont fatalistes, moins que les Turcs, dit-on ; leur superstition est grande, et les astrologues sont parmi eux de grands personnages. Ils sont dépensiers, et comme ils sont en même temps dissimulés et trompeurs, tous les moyens leur sont bons pour satisfaire leur luxe. Lorsqu’ils désirent une chose, fussent-ils des plus grands seigneurs, ils s’abaissent aux flatteries pour l’obtenir ; ensuite, ils ne vous regardent plus. Il est naturel qu’avec ces défauts la générosité ne soit pas leur fort. Mais ils sont polis et beaucoup plus traitables pour les étrangers que les Turcs. Pour ce qui touche à la nourriture, le Persan se tient, il est vrai, plus que le Turc, à l’écart de l’infidèle ; un bon Persan ne mangera jamais avec un Chrétien, et s’il a dû lui prêter un plat, il le brisera ensuite ; mais généralement des idées de haine ou de mépris ont cessé d’être attachées à ces prescriptions rituelles. Mais, s’ils sont polis, il serait imprudent de faire grand fond sur cette politesse[1] .

À l’opposé de la Turquie, il y a en Perse beaucoup de noblesse héréditaire[2].

La population de la Perse se partage en population sédentaire et en population nomade. La population nomade est la plus vigoureuse et la plus vaillante. Les Kadjars en forment la tribu la plus puissante ; les grands emplois leur appartiennent comme de droit, puisque la dynastie actuelle est sortie de leurs rangs. Les Aftchars, qui ont eu aussi une dynastie, celle de Nadir-Shah, sont surtout cantonnés dans l’Aderbeidjân.

Toutefois, la séparation entre les nomades et les sédentaires (tadjiks) n’est pas une barrière ; il se fait des alliances entre les

  1. Voir un excellent parallèle des Persans et des Turcs, Jaubert, ch. 35.
  2. Le terme de Mirza qui est un des plus fréquemment employés, lorsqu’il est placé devant le nom, indique la dignité de naissance et ne se donne qu’aux personnes de grande considération. Placé après le nom, il devient un simple qualificatif que prennent les gens de loi ou les écrivains.