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LES MISSIONS D’OURMIAH, ETC.

ment sur un terrain déjà arrosé des sueurs et même du sang des missionnaires catholiques.

Mais, une fois la mission établie, la situation devait, par la force des choses, devenir tendue entre les représentants des deux confessions.

Pour empêcher les frères séparés de devenir frères ennemis, il eut fallu de part et d’autre une prudence plus qu’ordinaire. Malheureusement, au zèle du fondateur de la mission américaine, le Révérend Perkins, se mêla dès le début une hostilité violente contre les Catholiques. Cette hostilité trouvait son aliment dans l’ignorance profonde où était Perkins de tout ce qui touchait au Catholicisme ; elle parut bientôt devenir l’une de ses idées fixes.

On regrette d’en trouver la trace presque à chaque page de ses ouvrages, et l’on en est d’autant plus étonné, que les Américains se font gloire d’être toujours justes, fair envers leurs adversaires.

Je ne voudrais pas réveiller de vieilles querelles. Mais le livre de Perkins[1] sur la mission de Perse a été beaucoup lu ; c’est pourquoi, afin de donner au lecteur l’idée de ce que l’on peut lui accorder comme valeur critique, j’ai cru devoir en extraire quelques appréciations. J’en passe et des plus curieuses.

Pour lui, entre le Pape et l’Antéchrist, la différence est à peine sensible, et il n’ose guère en parler, sans mettre sa conscience en repos par quelqu’apostrophe de ce genre : « Thou enemy of all righteousness !  » (Toi l’ennemi de toute droiture).

Parti sur ce ton, il n’est pas étonnant que M. Perkins souffre aussi de la « maladie jésuitique ». Ces « fils des ténèbres » n’eurent jamais affaire aux Nestoriens ; mais Perkins éprouvait le besoin d’en voir partout. M. Boré, laïque, comme je l’ai dit, était un jésuite, un « child of the devil » (p. 396).

Plus loin, il raconte comment des émissaires du Pape — toujours des Jésuites, s’entend — ont été offrir à Mar Schimoûn (le

  1. A Résidence of eight years in Persia among the Nestorian Christians.