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CHAPITRE XII

Les toasts officiels ont eu peine à trouver leur place, car un Arménien qui était constitué porteur de santés, et surtout le Moudir du télégraphe, ivres tous deux à des degrés divers, ne tarissaient pas ; inutile de dire que leurs toasts étaient absolument stupides et n’avaient d’autre but que de faire boire à tout prix. Le Consul de Russie « dominait » la situation ; le pauvre Consul de Perse, voyant la mauvaise humeur de son collègue, cherchait à excuser de son mieux ces stupides santés. On en arriva à boire à la santé de l’univers et enfin à la santé de « Personne ».

Le trait caractéristique de ce dîner, outre une vulgaire bestialité chez plusieurs des convives, m’a paru être l’absence totale de conversation générale. Tout est tellement livré aux intrigues et les têtes sont si vides d’instruction que, quand les obscénités courantes ont été débitées, personne ne sait plus que dire.


13 Octobre.

Nous sommes convoqués par le Mektoubdji pour recevoir communication des fameux « ordres sérieux » qui sont arrivés de Constantinople. Comme de juste, la visite commence par le long silence préparatoire, cigarettes et café. Enfin le Mektoubdji veut nous lire la dépêche ; impossible de la trouver ! Scène haut genre avec les employés ; une demi-heure se passe ainsi. Enfin, voici la dépêche ! Elle prescrit de nous « honorer » et de se conformer aux lettres du 28 Août. Ce sont les lettres vizirielles qui se promènent actuellement Dieu sait où. Naturellement, on s’est bien gardé de faire la moindre allusion au contenu de ces lettres ; le Mektoubdji ne le connaît pas ; en conséquence il nous « honorera » ; mais quant à laisser Hyvernat accomplir sa mission, copier ou photographier les inscriptions cunéiformes, la chose est de toute impossibilité !

Tout est donc à recommencer. Nouvelle dépêche à Constantinople ; c’est énervant au possible !

Une visite à Mounir-Pacha, commandant militaire de Van nous remet en meilleure humeur. C’est un ami des Pères ; aussi