Page:Müller-Simonis - Du Caucase au Golfe Persique.pdf/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
DE CONSTANTINOPLE À TIFLIS

et desséchant tout ; généralement la pluie lui succède. Octobre et Novembre sont, dit-on, de beaux mois.


25 Août.

Excursion au couvent de Ghélath.

Il faut croire que ce pays est le paradis de la race porcine, car dans les faubourgs de Kouthaïs nous rencontrons un nombre prodigieux de ces intéressants animaux. Ghélath[1], est à 9 verstes[2] de Kouthaïs. La route remonte d’abord la vallée du Rion qui est large et se termine par un fond de montagnes grandioses. Un énorme rocher à pic forme la partie saillante du paysage[3]. Désormais je suis convaincu que l’on peut tout demander aux chevaux et qu’il est impossible de verser avec un bon cocher ; nous franchissons un col et descendons sans mécanique ni reculement des chemins où un cavalier de nos pays ne s’aventurerait qu’avec précaution. Ici la chose paraît toute naturelle ; mais nous sommes encore novices en ces exploits et ne rougissons pas d’être émus.

Parfois passent dans les sentiers de traverse quelques montagnards dont le long kaftan brun serré à la ceinture, la capuce et les armes rappellent à s’y méprendre nos costumes du moyen âge ; leur démarche a une aisance et une dignité remarquables. La route franchit bientôt le futur chemin de fer de Kouthaïs à Tkvibouli et passe à gué une rivière que l’on nous épèle Skalicziscela, ou la rivière rouge[4]. Ses eaux sont malsaines ; personne n’en boit ; les poissons eux-mêmes en sont, dit-on, dangereux et donnent les fièvres. Les gens du pays prétendent les reconnaître sur le marché à première vue.

  1. Ghélath, que l’on écrit aussi Ghélathi viendrait du grec Γενεθλιακόν, car le couvent est dédié à la Nativité de la Vierge ; de là dans l’usage ordinaire on aurait fait les variantes, Ghélath qui se conçoit et Gaenath dont on ne comprend pas la formation (Brosset).
  2. Une verste équivaut à 1 066,8 mètres.
  3. C’est probablement le Quanli de Dubois de Montpéreux ; pour la géologie des environs de Kouthaïs, voir cet auteur, vol. ii, p. 170 et suivantes.
  4. Thielemann l’écrit Tzchal-Tzithéli, et Dubois de Montpéreux Tskaltsitéli.