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CHAPITRE XIII

dans tous les terrains qui relevaient de sa juridiction. Tous ses officiers d’ailleurs furent, dès le premier jour, nos meilleurs amis. Aussi bien, Vali, Tabour-Agassi et Cie ont-ils déjà fait tout pour perdre un homme qui, par sa droiture, déjouerait tous leurs calculs, si malheureusement il n’était un peu faible de caractère.

Nous avons connu à Van quelques excellentes et dignes familles arméniennes catholiques, venues pour la plupart de Constantinople.

Quant aux Arméniens de Van, aux Grégoriens surtout, ils n’ont qu’une bien douteuse réputation et n’en méritent pas d’autre. Trop de persécutions et d’oppressions ont passé sur eux pour n’avoir point abaissé leur caractère. Ils sont lâches et faux, au point que les Consuls eux-mêmes étaient obligés de nous avouer qu’ils préféraient les « vieux Turcs » aux Arméniens. La corruption des mœurs est profonde dans ce milieu. J’ai dit la facilité avec laquelle les Arméniens laissaient déshonorer leurs femmes par le Tabour-Agassi. La peur en est grandement la cause ; mais il faut aussi en chercher le motif dans l’absence totale de tout sentiment élevé. Des viveurs s’organisent en bande et font de vraies chasses à la femme. Une quinzaine de ces chenapans ont dernièrement enlevé une pauvre malheureuse qui, pendant trois jours, a été leur jouet. Quand ensuite, à moitié morte, elle a pu regagner sa maison, le mari a dû se taire pour ne pas compromettre sa vie. Pareils enlèvements sont fréquents, et l’on n’y recule devant aucune violence. Au demeurant, l’immoralité ne s’arrête pas là et les crimes contre nature sont à l’ordre du jour. Les Osmanlis, il faut le dire, donnent ici le ton.

Lorsque les Pères ont ouvert leur école, leurs ennemis ont immédiatement commencé à répandre les bruits les plus infâmes ; ils ont si bien trouvé créance, qu’une enquête judiciaire eut lieu et que beaucoup de gens furent tout étonnés de la voir tourner à la honte des accusateurs.