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LA VILLE DE VAN, SON CLIMAT, SON LAC

à la torture ; leur lecture matérielle était relativement facile, mais leur interprétation était restée jusqu’à ces dernières années un problème, vu le peu de données que l’on possédait sur la langue de ces documents. On est convenu d’appeler ces inscriptions vanniques ou alarodiennes.

Mais je m’arrête, car cette question n’est pas de mon ressort et Hyvernat prépare un appendice sur les inscriptions de Van[1].

Je ne parlerai donc pas de l’inscription taillée dans le roc juste au-dessous du donjon ; passons de suite à l’extrémité Nord-Ouest de la forteresse. En chemin, une première surprise nous attend. — Presqu’au sommet du rocher suinte une source de bitume ! Pour une source, l’endroit est tout au moins bizarre !

Cette portion Nord-Ouest de la forteresse renferme la fameuse grotte de Khorkôr, au-dessus du quartier de Gourâb ; elle est taillée dans le rocher à pic qui domine la ville ; un petit escalier quelque peu vertigineux y conduit. Les encadrements de l’entrée sont entièrement couverts d’inscriptions cunéiformes : le poli des parties planes est encore parfait ; les caractères des inscriptions ont gardé une netteté et une acuité d’angles admirables ; n’étaient quelques éclats que le canon y a jadis enlevés, on les dirait gravés d’hier et cependant leur auteur, le roi Argistis Ier vivait au viiie siècle avant l’Ère chrétienne !

L’intérieur de cette grotte — évidemment une grotte funéraire — se compose d’une grande salle rectangulaire de 4m,50 sur 10m, avec laquelle communiquent quatre cellules. La grande salle est ornée d’une sorte de corniche, et le long des murs se remarquent plusieurs niches carrées de 30 centimètres de profondeur environ ; et de distance en distance des trous à peu près cruciformes, très soigneusement faits et qui me paraissent avoir été destinés à recevoir des ornements en métal. Gravés sur les parois de la grotte, se lisent les noms de Texier[2], de Laval, de

  1. Voir plus loin Notices géographiques et historiques sur l’Arménie, 2e partie.
  2. Voir Texier, Arménie, ii, 11, suiv.