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CHAPITRE XIV

y voit une multitude d’inscriptions qui, à elles seules, sont un objet d’admiration. Il semble que pour les tracer, on ait connu le secret de rendre la pierre aussi molle que la cire.

Sémiramis fit aussi élever des colonnes en son honneur ; elle en fit placer dans beaucoup d’endroits de l’Arménie[1].

Pauvre Sémiramis ! Non seulement il ne reste rien des merveilleux édifices qu’elle a dû faire construire, mais elle-même, dépouillée de sa gloire par l’impitoyable histoire, a été définitivement rejetée dans le domaine de la légende !

C’est aux rois Sarduris, Minuas, Argistis, dont les inscriptions portent les noms, qu’il faut sans doute rapporter le mérite des constructions que nous décrit Moïse de Khorène — si mérite il y a à faire mourir des milliers d’hommes à la peine comme avaient coutume de faire ces « grands Rois » lorsqu’ils construisaient leurs palais !

L’historien a mis sans doute beaucoup de poésie dans son récit ; mais il en ressort cependant ce fait que de son temps les ruines des constructions royales étaient encore considérables et assez bien conservées ; elles pouvaient, avec raison, passer pour une merveille, car les travaux exécutés dans le calcaire nummulitique de la forteresse correspondent à des difficultés d’exécution inouïes.

Quant à la ville populaire, il est naturel qu’au bout de peu de siècles il n’en soit rien resté, car les maisons étaient certainement bâties en terre.

Pour les murs de la citadelle et des autres édifices royaux, la tradition en attribue la démolition à Timour-leng qui, furieux de la résistance désespérée de Van (1392), s’acharna à renverser une à une les assises dont la solidité lassa à la fin la rage des destructeurs.

  1. Traduction libre de Moïse de Khorène. Vivien de Saint-Martin, Notice sur Schulz, p. 8. Consulter Mosis Chorenensis Historia Armen. L. i, c. 15 p. 43 et suiv. Edition Whiston. En lisant le texte complet, on voit clairement qu’il s’agit de la forteresse de Van.