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LA VILLE DE VAN, SON CLIMAT, SON LAC

On estime la superficie du lac à 3 690 kilomètres carrés (lac de Genève 573 kilomètres carrés). Il est curieux — soit dit en passant — de voir combien sur nos cartes géographiques ses contours sont restés longtemps des plus fantaisistes ; leur forme ne se dessine guère avec quelque netteté avant la période de 1840–48. Dubois de Montpéreux lui donne encore une forme absolument conventionnelle[1].

La côte nord est — ainsi que je l’ai déjà dit — entièrement volcanique et se rattache au cratère du Sipan-Dagh, éteint aujourd’hui. Ce terrain volcanique s’arrête à la vallée du Bendimahi-tchaï, et toute la côte orientale et sud est de formation calcaire. L’on y constate toutefois, presque partout, quelque trace de l’activité volcanique.

L’eau du lac de Van est extrêmement remarquable. À notre première excursion sur ses bords, nous voulûmes nous laver le visage, mais nous voici en moins de rien tout couverts d’une abondante écume, savonneuse et douce ; situation comique au possible, car plus nous frottions, plus nous nous barbouillions ! Et de fait, c’était bien du savon, car l’on peut définir le lac de Van un lac d’eau de savon. Les riverains en retirent une soude excellente qui, avec de meilleurs débouchés, pourrait donner lieu à un commerce très important.

La saveur de cette eau est fadasse avec un arrière-goût d’œufs pourris.

J’en ai rapporté quelques bouteilles et voici le résultat d’une analyse très minutieuse, faite avec le plus grand soin par le Dr Serda de l’Université de Strasbourg[2].

  1. Tavernier parcourut les bords du lac de Van au XVIIe siècle ; à cette époque, le mouvement des caravanes par le pays de Van était très considérable. Depuis lors, la région devint presqu’entièrement inaccessible au voyageurs ; les premiers explorateurs de ce siècle (1806–1838) furent Jaubert, Kinneir, Schulz, Monteith, Fowler, Schiel, Wilbraham, Brant, et le récit de leurs aventures offre tout l’intérêt d’un roman. Jaubert est longtemps maintenu prisonnier à Bayazid ; Fowler est à Melezguerd le héros de véritables drames. Quant à Schulz, tout le monde connaît sa triste fin.
  2. Voir Appendice C : l’analyse des eaux minérales d’Ilidja.