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CHAPITRE II

poste. Le trajet peut se faire, soit en « perekladnoï », soit en « kaliaçka ».

La kaliaçka est une espèce de victoria assez confortable : quant à la perekladnoï, elle est le véhicule national en Russie. Représentez-vous deux paires de roues assez éloignées l’une de l’autre ; posant sur les essieux de ces roues, deux longerons en bois et sur ces longerons, une caisse à claire-voie. C’est là tout le véhicule ; de ressorts il n’en est point question. Le siège est tout aussi curieux : un bâton de bois parallèle au dossier forme sa partie antérieure ; un filet de cordes est tendu entre ce bâton et le bas du dossier ; sur ce filet, pour faire ressort, on empile de la paille, ou des coussins si l’on en possède ; quant au cocher, il est assis comme un singe, tenant en place à force d’habitude. Si vous songez que ce véhicule est traîné au grand trot et parcourt généralement une simple piste frayée à travers le steppe, vous accorderez que le confortable manque absolument et que les cahots doivent être horribles. Les Russes transportent avec eux une telle quantité de coussins, qu’ils parviennent à rendre la chose tolérable ; mais comme à chaque relais on change de perekladnoï, il faut à chaque fois opérer un déménagement. On vous donne, il est vrai, tout le temps nécessaire, la réponse invariable à l’arrivée au relais étant : « il n’y a pas de chevaux ». « Quand en aurez-vous ? » « Sitchas » (bientôt) ; cela veut dire dans deux, trois ou quatre heures. — Il faut patienter ; toutefois le voyageur ne devra pas accepter sans vérification la réponse du maître de poste. Celui-ci, qui a passé un contrat à forfait avec le gouvernement, cherche à ménager ses chevaux, et très souvent les refuse lors même qu’ils ont déjà pris le temps de repos réglementaire.

Les chevaux de poste font une traite variant de 15 à 20 verstes ; arrivés au relais ils sont immédiatement renvoyés à vide à leur point de départ ; revenus à l’écurie, ils doivent s’y reposer 3 heures, manger, puis être remis à la disposition des voyageurs. — Quel avantage peut-on trouver à faire ainsi