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CHAPITRE XVII

Il est probable qu’Akhlât devait avoir, comme Van aujourd’hui, un grand « quartier de jardins » non fortifié et avec habitations très disséminées. C’est du moins l’hypothèse qui me semble la plus probable, car nulle part je n’ai vu la moindre trace de l’enceinte qui aurait dû contenir la vieille Akhlât[1].

Entre cette ancienne forteresse et la « mer » s’étend un vaste cimetière musulman. Le champ des morts a été plus respecté que la demeure des vivants, et l’on éprouve une impression étrange à ne retrouver intactes, au milieu de ces dévastations, que les tombes. D’Akhlât, en effet, il ne reste que des sépultures.

Ici d’abord le grand cimetière du peuple (4) ; les pierres tombales hautes de plus de deux mètres, couvertes de belles inscriptions, sont d’une uniformité remarquable ; le caractère de l’histoire d’Akhlât s’y retrouve tout entier ; une grande splendeur, mais concentrée en une seule période très courte. Au milieu de ces tombes se trouvent deux mausolées (turbehs).

Mais les turbehs de beaucoup les plus beaux bordent le sentier d’Adeljivas. Le tombeau du sultan Bayandoûr, l’un des chefs tartares qui s’emparèrent d’Akhlât au XVe siècle (no 3 du plan) est un vrai bijou. Devant un bâtiment rectangulaire de forme austère s’élève un édicule cylindrique. Il est presque entièrement à jour. D’élégantes colonnettes portent un tambour assez court au-dessus duquel règne une corniche composite du travail le plus fin. L’édicule est couronné par un toit de pierre, de forme conique. Le temps a donné à la pierre, d’un rouge-brun et d’un grain très fin, des tons

  1. Je serais porté à étendre la disposition en « Jardins » à des villes beaucoup plus anciennes, comme Ninive, par exemple. Quelque part que l’on fasse à l’emphase orientale dans les descriptions qui nous ont été laissées de Ninive, il semble absolument impossible d’admettre que la ville ait tenu dans l’enceinte encore si visible de « Kouyoundjîk ». Cette enceinte devait délimiter la Ville royale ; et, comme on n’a pas trouvé d’autre enceinte, la Ville du peuple était sans doute sans fortifications, et partant, couvrait de ses jardins un très grand espace de terrain. Babylone était toute entière entourée de murs. Mais le développement prodigieux de ces fortifications (elles entouraient une véritable province de 500 kilom. carrés de superficie) montre bien qu’elles ont protégé, non pas seulement une ville dans le sens strict du mot, mais toute cette immense agglomération de jardins. C’est d’ailleurs une opinion très généralement admise.