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DE SAÏRD À DJÉZIREH

sans grand mal. Les arbres sont toujours clairsemés et l’on voit de nombreuses traces de travaux de culture abandonnés ; ils annonçaient un village. Bientôt, en effet, nous passons près des ruines de Khouâran[1]. Guégou, qui s’était mis à la poursuite d’une compagnie de perdrix, perd son cheval. Pendant qu’il court à sa recherche avec les zabtiés, nous continuons à grimper ; le paysage serait admirable, n’était la pluie qui tombe sans rémission.

Le sentier, après avoir atteint le col, contourne encore le haut d’un vallon et entre enfin dans la vallée de Fenndück. Le village est situé au fond d’un splendide cirque de rochers que couronne une légère couche de neige.

Arrivée 5 h. soir.

La maison du chef, qui nous sert de demeure, est bonne. Mais les zabtiés, après avoir retrouvé le cheval de Guégou, ne nous avaient rejoint qu’à l’entrée du village ; nous n’étions donc pas annoncés, le feu ne flambait point ; on l’allume en notre présence. Or, allumer un feu de fagots mouillés dans une chambre qui a pour toute cheminée un trou dans le toit, veut dire en bon français enfumer un renard dans son terrier. On ne peut y tenir qu’en se couchant à plat ventre. Au bout de dix minutes le courant s’établit, la flamme pétille et nous pouvons enfin nous sécher et commencer la causette avec nos hôtes.

Ce doivent être des gens aguerris, car il ne fait pas chaud, et leur costume est fort léger ; pantalons de toile blanche, par-dessus lequel retombe la chemise dont les extrémités ainsi que les manches finissent en longues pointes ; elle est assez ouverte sur la poitrine ; le dos et les épaules sont, il est vrai, protégés par une veste en peau de chèvre, poil en dehors. Les enfants portent le koullak, bonnet de feutre blanc qui les fait ressembler à des pierrots ; les hommes ajoutent au koullak un turban ; pour le chef, notre hôte, superbe gaillard au demeurant, le turban atteint des proportions exubérantes.

  1. Ainsworth parle de nombreux villages sur ce trajet. Que sont-ils devenus ? Ainsworth, ii, 352.