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CHAPITRE XX

cultivateurs sans ressources ; ils forment une population excessivement clairsemée[1].

L’Évêque nous reçoit dans son diwan qui est immédiatement envahi par les notables venant souhaiter la bienvenue aux nobles étrangers. Transis de froid, ne désirant qu’une chose, pouvoir changer de vêtements en paix, nous sentons bien qu’il faut d’abord nous soumettre à cette corvée de société. Mais au bout d’une heure le diwan ne désemplit pas ! Nous voulions nous retirer pour procéder à notre toilette quand on nous fit comprendre que, la maison étant fort petite, le diwan devenait notre chambre où nous étions maîtres et seigneurs ! Il ne nous restait qu’à agir comme tels et nous commençons à procéder à notre toilette — personne ne bouge. Que faire ? nous en prenons notre parti et faisons toilette complète devant l’Évêque et les notables. La chose leur paraît toute naturelle, et nous aurions pu nous croire Louis XIV à son lever !


13 Décembre.

La pluie tombant à torrents, la journée se passe en causeries et en petites promenades entre deux ondées.

Djézireh peut se définir une ruine. Son nom complet, Djézireh-ibn-Omar, l’Île du fils d’Omar, en lui donnant une origine musulmane, en ferait une ville relativement moderne. On admet cependant généralement que la fondation de la ville est bien antérieure à l’Islam. Elle occupe une terrasse naturelle, séparée des collines par une plaine étroite que le Tigre inonde facilement. On eut sans doute très tôt la pensée de faire du plateau de Djézireh une île, en détournant par un canal les eaux du fleuve. Ce canal est à peu près à sec en temps ordinaire ; un pont, construit par les Atabegs, le franchit en aval de la ville. Actuellement ce pont est dans un état lamentable ; de ses voûtes il ne

  1. D’après l’Évêque lui-même, le diocèse chaldéen de Djézireh ne compte que 4 555 catholiques du rit chaldéen. Géographiquement le diocèse est une sorte de trapèze irrégulier dont la petite base s’appuie au Tigre (Fenndück au Nord appartient déjà à Saïrd ; Nahravân forme la limite au Sud) et qui va ensuite s’élargissant jusqu’au cœur des montagnes de Hakkiari. Bachekaleh dépend de Djézireh.