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MÔSOUL — LA VILLE, ETC.

les plus sérieux nient le fait et disent que les Anglais ont tout simplement enfoui de nouveau les objets trop pesants pour être enlevés — ceci n’est que simple prudence et il est à croire que les endroits auront été soigneusement notés.

Les remparts, le pont, les buttes de Ninive, c’est à peu près tout ce qu’il y a d’intéressant à Môsoul.

Mais Môsoul est intéressante au point de vue social, car les éléments les plus divers s’y rencontrent. L’Europe officielle n’est aujourd’hui représentée à Môsoul que par le Consul de France, M. Sioufi. Originaire d’Haleb (ou de Damas ?) M. Sioufi accompagna Abd-el-Kader en France en qualité d’interprète lorsque l’Émir vint faire visite à Napoléon III. M. Sioufi fut à cette occasion naturalisé Français ; bientôt après il obtint le grade de Consul. Oriental lui-même, ses connaissances spéciales sur le pays et les hommes le mettent à même de rendre beaucoup de services. Madame Sioufi et lui furent pleins d’amabilité à notre égard.

M. Sioufi demanda pour nous audience chez le Vali et, sur le rendez-vous donné, eut la gracieuseté de nous introduire lui-même.

Pour donner à notre visite le cachet de dignité qui lui convient, nous organisons une cavalcade et, traversant les ruelles de la ville, gagnons le konak. C’est une immense bâtisse, en dehors des remparts, dominant le fleuve — naturellement très délabrée. Administration du vilayet, caserne, tout y est concentré ; il s’y presse une foule compacte de solliciteurs au milieu desquels circule l’employé turc, le pauvre et éternel affamé.

Dans ce pays si dépourvu d’arbres, un ingénieur avait eu l’heureuse idée de transformer en promenade le grand espace libre qui existe entre les remparts et le konak. Une allée d’arbres bordait l’avenue, et un jardin public commençait à se former. Mais la population n’était pas mûre pour ces innovations ; jamais les fleurs n’eurent le temps de prendre racine ; l’une après l’autre elles disparaissaient pour aller trouver un meilleur sol dans les