Page:Müller-Simonis - Du Caucase au Golfe Persique.pdf/526

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
416
CHAPITRE XXII

La marche, sur ce terrain de nature glaiseuse, est fort désagréable, car les chevaux enfoncent souvent dans des trous invisibles recouverts d’une légère couche de terre. Je suppose que ces cavités souterraines sont produites par les grandes pluies dont les eaux, en filtrant au-dessous du sol, déplacent les portions les plus friables du terrain, laissant ainsi sans appui la couche supérieure que maintiennent les racines d’herbe. En tous cas il faut marcher avec précaution, et on ne peut prendre de grandes allures, sans s’exposer à ruiner ses chevaux.

Nous franchissons bientôt une rangée de collines — les dernières ondulations du Djebel-Makloûb, puis encore une assez longue plaine, et atteignons le couvent de la Vierge, situé à trois quarts d’heure environ à l’Est d’Alkôsch.

Arrivée 2 h. 15 soir.

Le couvent, assez beau, très beau même pour l’Orient est de construction ou plutôt de reconstruction fort récente, car en 1842 il fut saccagé par les hordes kurdes de ce Mohammed, Beg de Revandoûz dont j’ai parlé plus haut ; tout ce qu’il contenait fut pillé ou détruit ; plusieurs religieux moururent en prison à Ahmediyah.

Le portail du couvent est un beau spécimen de style ornemental moderne ; le cloître intérieur forme un grand carré d’environ vingt-cinq mètres de côté, dont les galeries sont à colonnes hexagones massives et à cintres gothiques. L’église ouvre sur le cloître par un grand portique en forme d’Iwân.

Les religieux appartiennent à la congrégation de saint Hormisdas, la seule du rite chaldéen. Éteinte pendant trois siècles, cette congrégation se reforma vers 1808 ; elle rend beaucoup de services pour l’évangélisation des parties les plus abandonnées du pays nestorien.


30 Décembre.

Le couvent de la Vierge est situé à l’entrée d’une gorge sauvage, profondément encaissée, et où le silence n’est interrompu que par des échos d’une puissance extraordinaire. Au fond de cette gorge, à trente-cinq minutes de chemin environ, se trouve le vrai monastère de Rabban-Hormez.

Perchée sur un promontoire rocheux, au pied d’une falaise