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CHAPITRE XXV

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les vicissitudes de la fortune des Khalifes. Arrivée à une splendeur dont les historiens arabes nous ont laissé des descriptions enthousiastes, elle compta, dit-on, deux millions d’habitants (? ?) En 1258, le terrible Mogol Houlagou, héritier de Djenghis-Khân, anéantissait le pouvoir des Khalifes et réduisait la ville en cendres.

Les avantages géographiques, qui dans un si petit rayon, avaient successivement amené la prospérité de Babylone, Séleucie, Ctésiphon et Baghdad, permirent à cette dernière de se relever de ses ruines ; mais ce n’était qu’une trêve ; et en 1401 Timour-leng semait de nouveau la dévastation dans ses murs. Aucune personne de marque ne fut alors épargnée, et, quand l’horrible massacre fut achevé, le conquérant fit ramasser les têtes de ses 90 000 victimes et en érigea de sanglants trophées en forme de tours.

Baghdad se releva néanmoins, mais lentement, car elle devint bientôt un enjeu terriblement disputé entre la Turquie et la Perse. La Turquie n’en devint définitivement maîtresse qu’en 1638.

La domination turque ne fut longtemps que nominale. Le Pachalîk de Baghdad, qui s’étendait de Bassorah jusqu’à Orfah, de Scheikrezour jusqu’à Babylone, comprenait ainsi une aire très vaste et fertile. Se trouvant à l’extrémité de l’Empire ottoman, le Pacha ne pouvait guère être contrôlé par la Porte ; à même de mettre sur pied plus de 50 000 hommes de guerre, il était un vassal dangereux. Aussi bien, sa dépendance le gênait-elle fort peu ; il allait même jusqu’à prendre le titre de Khalife. La Porte n’avait guère qu’un moyen de mettre à la raison les Pachas trop dangereux : le poignard ou le poison.

Baghdad n’est devenue entièrement turque (politiquement parlant), que depuis une quarantaine d’années, grâce au démembrement du Pachalîk.

Lors de la conquête turque, la ville comptait à peine 15 000 âmes. Vers 1830, sa population était montée au chiffre de 150 000. Mais en 1831, le choléra emporta en moins de six semaines près des deux tiers des habitants.