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HISTOIRE DE L’ARMÉNIE

l’Urardhu à une époque où, dans leurs migrations, les Aryens ne s’étaient pas encore répandus aussi loin à l’Ouest. En effet, dans un texte babylonien qui remonte à 16 ou 17 siècles avant J. Ch., nous trouvons un district montagneux nommé Urdhu, inscrit entre le Kutu et l’Akharru. L’Akharru a depuis longtemps été identifié avec la Palestine. Quant au Kutu, d’autres textes nous apprennent qu’il faut le chercher dans le Kurdistan oriental, près de Rewandoz, ou dans les environs des monts Djoudi. Ce nom de Djoudi ne serait qu’une forme de Gutu = Kutu. Dans l’une comme dans l’autre de ces deux hypothèses, le seul pays de montagnes entre l’Akharru et le Kutu c’est l’Arménie.

Urdhu était donc le nom que les Babyloniens donnaient anciennement à l’Arménie ou tout au moins à la grande chaîne du Kurdistan, d’où ils l’auraient étendu à l’Arménie. Entre Urdhu et Urardhu il y a si peu de différence que l’identification de ces deux noms ne constitue pas une difficulté aux yeux de Mr Sayce. Ainsi il est tout naturel que les Assyriens se soient habituellement servi du non d’Urardhu pour désigner l’Arménie, bien que les Arméniens eux-mêmes aient pu ignorer cette dénomination.

Passons au second point. Le savant et très ingénieux professeur d’Oxford nous fait observer que dans certaines inscriptions d’Assur-nazir-pal il est question d’un certain pays de Bitani, là où d’autres inscriptions, dans des passages tout à fait parallèles parlent du pays d’Urardhu. Ailleurs, le lac de Van est appelé mer de Zamua de Bitani (Zamua, nommé aussi Mazamua, étant le nom d’une ville située entre le Taurus et le lac de Van). Enfin Mr Sayce s’appuie sur d’autres textes que nous ne pouvons rapporter ici pour conclure que le Bitani s’étendait « du rivage méridional du lac de Van à Diarbekr et à la rive orientale de l’Euphrate », et, par conséquent, correspondait à « la partie sud de l’Urardhu » dans le sens le plus étendu de ce mot.

Ceci posé, Mr Sayce croit que Bitani et Biaïna peuvent être identifiés sans difficulté ; car, somme toute, entre les deux il n’y a