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RÉSUMÉ DE L’HISTOIRE ANCIENNE

gique. « Efforçons-nous », dit-il, « d’arriver à l’endroit où Bélus se tient entouré de ses braves. Si nous mourons, ce que nous possédons tombera en ses mains ; si nous nous signalons par l’adresse de nos bras, nous disperserons son armée et nous serons maîtres de la victoire. » Enflammée par ces quelques mots, la petite troupe franchit d’une marche rapide la distance qui la sépare de Bélus, et soudain débouche devant l’ennemi. Les deux armées ne sont séparées l’une de l’autre que par un torrent ; elles sont appuyées l’une et l’autre sur les hauteurs qui resserrent la vallée. S’étant approchés de tous côtés appuyés les uns sur les autres, les géants, dans leur choc impétueux, faisaient retentir la terre d’un bruit épouvantable et par la fureur de leurs attaques ils répandaient la terreur et l’épouvante. Grand nombre de robustes géants, de part et d’autre, atteints par le glaive, tombaient renversés à terre. Cependant des deux côtés la bataille restait indécise. À la vue d’une résistance aussi inattendue et pleine de dangers, Bélus effrayé remonte sur la colline d’où il était descendu (car il croyait trouver un abri sûr au milieu des siens) jusqu’à ce qu’enfin toute l’armée étant arrivée il put recommencer l’attaque sur toute la ligne. Haïg, l’habile tireur d’arc, comprenant cette manœuvre, se place en face du roi, bande son arc à la large courbure, décoche une flèche munie de trois ailes, droit à la poitrine de Bélus, et le trait, le traversant de part en part, sort par le dos et retombe à terre. C’est ainsi que le fier Titan abattu et renversé expire. Ses troupes, à la vue de ce terrible exploit, prennent la fuite sans qu’aucun se retournât en arrière.

Haïg couvrit de constructions le champ de bataille et le nomma Haïotz-tzor, c’est-à-dire vallée des Arméniens. Il fit transporter à Hark le corps de Bélus qui était peint de diverses couleurs et le fit enterrer sur une hauteur à la vue de ses femmes et de ses fils.

Haïg mourut lui-même à Hark, laissant le commandement à son fils Arménag. Celui-ci abandonna la province de Hark à ses deux frères Khor et Manavaz, ainsi qu’à son neveu Paz, fils de Manavaz. De là les districts de Khorkhorouni (avec la ville de Manasguerd) et de Peznouni. Quant à lui il alla s’établir dans ce qui devint la province d’Ajrarad, au pied du mont Aracadz. Il eut un fils nommé Aramaïs, qui lui succéda. Celui-ci appela de son propre nom la ville d’Armavir et donna au fleuve Eraskh (l’Araxe) le nom de son fils Arasd. Aramaïs eut un autre fils nommé Chara, le Gargantua arménien, qu’il envoya dans le district de Chirag qui seul semblait pouvoir le nourrir. Enfin un troisième fils d’Aramaïs, Amassia, s’établit à Armavir.