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RÉSUMÉ DE L’HISTOIRE ANCIENNE

des ambassadeurs pour le prier de se rendre à ses désirs ; mais sans succès, car Ara était aussi vertueux qu’il était beau. Froissée de ces refus, Sémiramis voulut conquérir par les armes ce qu’elle n’avait pu obtenir par la prière. Elle envahit donc l’Arménie et vient surprendre Ara au cœur de son royaume, dans la plaine de l’Araxe. Ara fut non seulement vaincu, mais au grand désespoir de Sémiramis il fut tué !

Comme l’orgueilleuse reine d’Assyrie retournait à Ninive, elle passa sur la rive orientale du lac de Van. Charmée par la beauté du paysage, par la pureté de l’air, par la fertilité du sol qu’arrosait des eaux savoureuses et limpides, elle résolut de faire de ce lieu sa résidence d’été. Aussitôt elle fait venir des milliers d’ouvriers, et sous la direction des meilleurs architectes, elle construit au pied du rocher de Van, une ville d’une beauté féerique, ceinte de murailles cyclopéennes ; sur la crête même du rocher, elle élève sa somptueuse résidence. Bien que la pierre du rocher fut si dure qu’on ne pouvait y tracer un seul caractère avec le poinçon, Sémiramis y fit creuser des palais, des chambres, des caveaux pour y mettre ses trésors, et de longues galeries. Sur toute la surface de la pierre, comme on fait sur de la cire avec un stylet, elle fit tracer une infinité de caractères. Dans beaucoup d’autres cantons de l’Arménie, la reine fit graver sur la pierre le souvenir de quelque événement ; sur beaucoup de points elle fit dresser des stèles avec des inscriptions tracées de même.

Sémiramis, en souvenir de sa première passion pour le prince arménien, appela Ara le fils qui était né de lui et de sa femme Nouart. Il avait douze ans à la mort de son père ; la reine avait pleine confiance en lui, et malgré son jeune âge elle lui donna le commandement de l’Arménie. Puis, comme elle voulait toujours aller passer l’été dans le Nord, dans la ville qu’elle avait fondée, elle confia le gouvernement de l’Assyrie et de Ninive à Zoroastre, mage et chef religieux des Mèdes. Mais celui-ci se laissa bientôt gagner par l’ambition et chercha à supplanter la reine qui dut prendre les armes pour le ramener à l’obéissance. Elle fut vaincue et réduite à s’enfuir en Arménie. Son fils Ninyas, le seul de ses enfants qui eut échappé à sa cruauté, en profita pour faire tuer sa mère et prit en main le gouvernement de l’empire.

Ara était mort dans cette même guerre, laissant un fils appelé Anouschavan, qu’on avait surnommé Sos (peuplier argentifère), car il était voué aux fonctions sacerdotales dans les forêts de peupliers d’Aramaniag, à Armavir. Le tremblement des feuilles de peuplier, au souffle