Page:Müller - Introduction à la philosophie védanta.djvu/62

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et demandent : Qu’es-tu ? Il est des esprits parfaitement satisfaits des choses telles qu’elles apparaissent et complètement incapables de saisir autre chose que ce qui est visible et tangible. Ils comprendraient difficilement ce que l’on veut dire par quelque chose d’invisible et d’éternel, bien moins encore pourraient-ils arriver à croire que ce qui est invisible est seul réel et éternel, tandis que ce qui est visible est, par la nature même, irréel ou seulement phénoménal, changeant, périssable et non éternel. Et cependant ils auraient pu apprendre de saint Paul (2 Cor. IV, 18) que les choses visibles sont temporelles, mais les choses invisibles éternelles. Pour les Brahmanes, être capable de se défier du témoignage des sens était le premier pas dans la philosophie, et ils avaient appris dès les temps les plus reculés ce principe que toutes les qualités secondaires, et même primaires, ne sont et ne peuvent être que subjectives. Plus tard, ils réduisirent ces anciennes intuitions philosophiques en système, et les raisonnèrent