Page:Mac-Nab - Poèmes mobiles, 1890.djvu/16

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Il se méfie, ce brave éléphant… non, ce bon public, et il a souvent raison !

Il se dit : « Que va-t-il me donner, ce nouvel auteur ? Des larmes, des malédictions, des blasphèmes ?

« La vie n’est déjà pas si gaie pour que j’écoute les hurlements d’un monsieur, et que j’assiste au spectacle de ses poings tendus contre la destinée, contre les dieux, contre tout ce qui ne peut pas répondre. J’aime mieux autre chose !

« Celui-ci, qu’a-t-il dans son sac ?

« Des sentiments vrais, des choses simples sortant toutes tièdes d’un cœur honnête ?

« Je vais m’attendrir benoîtement ? Non, aujourd’hui, je voudrais du violent !

« Celui-là, que m’apporte-t-il ? Du picrate ? Des histoires d’amour poivrées ? Des tableaux très vivants ? Je voudrais des choses qui m’ébranlassent moins les nerfs.

« Alors, quoi ? »

Le public est un maître difficile, mon cher Mac-Nab, il s’agit d’arriver à l’heure précise où il manifeste un désir, et de réaliser ce désir.

Le public demande-t-il avec ardeur de voir éditées les œuvres de Maurice Mac-Nab ? A-t-il une envie extraordinaire de se jeter sur la prose et les vers de cet écrivain drolatique, de ce poète biscornu qui fait de gigantesques pieds de nez à la raison, aux choses graves et respectées dans le monde ; de ce