Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/363

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mit en poudre l’accusation de Dona Placida, qui en demeura toute triste.

Un quart d’heure après mon arrivée, je dis à dona Placida :

— C’est bon. Virgilia reconnaîtra qu’il n’y a pas de ma faute… Voulez-vous lui porter de moi un billet tout de suite ?

— Comme elle doit être triste, la pauvre ! Certes, je ne désire la mort de personne ; mais si vous vous mariez quelque jour avec Yaya, alors, oui, vous saurez quel ange elle est.

Je me souviens que je détournai le visage, et que je fixai le plancher. Je recommande ce geste à quiconque ne peut répondre promptement ou qui craint de regarder un interlocuteur en face. En semblable occurrence, certains ont l’habitude de réciter une strophe des Lusiades, d’autres sifflent n’importe quel air d’opéra. Je m’en tiens au geste que j’indique ; il est simple, il exige moins d’efforts

Trois jours plus tard, tout s’expliqua. Je suppose que Virgilia fut quelque peu étonnée, quand je lui demandai pardon des larmes que je lui avais fait verser en cette occurrence. Je ne me rappelle plus si, dans la suite, j’attribuai