Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/377

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croirez sans peine. Si je vous affirme que je le relus le jour suivant, avant et après le déjeuner, vous pouvez encore m’en croire, car c’est la vérité pure. Mais si je vous parle de mon émotion, mettez-la quelque peu en quarantaine, et ne l’acceptez que sous bénéfice d’inventaire. Ni alors, ni plus tard je ne pus discerner ce qui se passa en moi. C’était de la crainte, de la douleur, de la vanité, et ce n’en était pas. C’était de l’amour, sans amour, c’est-à-dire sans délire. Et tout cela donnait une combinaison complexe et vague, quelque chose que ni vous ni moi ne sommes capables de comprendre. Supposons donc que je n’aie rien dit.