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CXV

Le déjeuner


Je n’assistai pas à son départ. Mais, à l’heure marquée, j’éprouvai quelque chose qui n’était ni de la douleur ni du plaisir, un mélange à doses égales de soulagement et de regrets. Que le lecteur ne s’irrite point de cette confession. Je sais bien que pour être agréable à sa fantaisie et faire vibrer ses nerfs, j’aurais dû souffrir un profond désespoir, verser des larmes, et ne pas déjeuner. Ce serait romanesque, mais non biographique. La vérité pure, c’est que je déjeunai comme tous les jours, nourrissant mon cœur du souvenir de mon aventure, et mon estomac des mets de M. Prudhon…

Vieillards de ma génération, vous souvenez-vous encore de ce maître cuisinier de l’hôtel