Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/425

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de cette mort. Je crois bien qu’elle me parut plus absurde même que celle de tant d’autres gens. Mais Quincas Borba m’expliqua que les épidémies, bien que désastreuses pour un certain nombre d’individus, ont des avantages pour l’espèce. Il me fit remarquer que, dans leur horreur, elles offrent un notable avantage : la survivance du plus grand nombre. Il me demanda si, au milieu du deuil général, je n’éprouvais aucun secret délice d’avoir échappé aux fureurs de la peste. Mais cette demande était si insensée que je ne jugeai pas devoir y répondre.

Puisque je ne parle pas de la mort de Nha-Lolo, je passerai aussi sous silence la messe du septième jour. La tristesse de Damasceno était profonde. Ce pauvre homme paraissait une ruine. Quinze jours après, je le rencontrai. Il était toujours inconsolable, et il disait que la grande douleur qui lui était infligée par Dieu se compliquait encore de celle que lui avaient infligée les hommes. Il n’ajouta rien de plus. Mais, trois semaines plus tard, il revint sur le même sujet, et me confessa qu’au milieu de cet irréparable désastre, il avait espéré l’appui