Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/467

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vateurs. J’y faisais un appel au commerce et à l’agriculture. J’y citais Guizot et Ledru-Rollin, et je finissais par cette menace que Quincas Borba trouva mesquine et locale : « La nouvelle doctrine que nous professons renversera inévitablement le ministère. » Je confesse que, dans les circonstances politiques d’alors, le programme me sembla un chef-d’œuvre. Je fis comprendre à Quincas Borba que la menace de la fin, loin d’être mesquine, était saturée du plus pur Humanitisme, et il se rendit à mes raisons. Car enfin, l’Humanitisme ne comporte aucune exclusion : les guerres de Napoléon et un combat de chèvres présentent la même sublimité, à cela près que les soldats de Napoléon avaient la notion de la mort, notion qui échappe aux chèvres, en apparence du moins. Or je ne faisais qu’appliquer aux circonstances notre formule philosophique : Humanitas voulait substituer Humanitas pour la plus grande consolation d’Humanitas.

— Tu es mon disciple bien-aimé, mon calife ! s’écria Quincas Borba avec un accent de tendresse que je ne lui connaissais pas. Je puis dire comme le grand Mahomet : « Si le soleil et la