Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sépara ; lui, qui avait tant parlé des avantages de l’argent, mourut de passion, comme un simple Werther.

— Moins le pistolet.

— Le poison tue, lui aussi. L’amour de Quintilla y ressemblait en cela. Ce fut cet amour qui le tua, et j’en suis encore aujourd’hui attristé… Mais je vois, par ce que vous dites, que je vous ennuie.

— Pour l’amour de Dieu !… Je vous jure que non. C’est une plaisanterie qui m’a échappé. Continuez, conseiller ; on vous a laissé le champ libre.

— Avec Quintilia, on n’avait jamais le champ libre. — Je ne dis pas cela pour elle, mais pour les autres. Beaucoup venaient là, boire une coupe d’espérance, et allaient souper ailleurs. Elle ne favorisait pas plus l’un que l’autre. Mais elle était aimable, gracieuse, et avait ces regards coulés qui ne sont pas faits pour les hommes jaloux. J’éprouvai des jalousies amères, et parfois terribles. Tout prenait à mes yeux des proportions énormes. Je m’habituai enfin à réduire les choses à leur juste valeur. Certaines connaissances nouvelles m’effrayaient davantage :