Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/228

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le repos de l’âme du défunt. Je ne voulais pas tromperies hommes, la preuve c’est que je n’invitai personne ! j’ajouterai que jamais je ne parlais du colonel sans dire. « Dieu ait son âme ! », et je racontais sur lui des anecdotes allègres, et de bons mots.

Sept jours après mon arrivée à Rio, je reçus du vicaire la lettre que je vous ai montrée, et dans laquelle il me disait qu’on avait trouvé le testament du colonel, et qu’il m’avait fait son légataire universel. Imaginez ma stupéfaction. Je pensai avoir mal lu. Je montrai la lettre à mon frère, à mes amis. Tous lurent la même chose, et force me fut de me rendre à l’évidence : j’étais bien l’héritier du colonel. J’eus l’idée que ce pouvait être un piège ; puis je réfléchis qu’il y avait d’autres moyens de me prendre, si le crime était découvert. Je connaissais la probité du vicaire, incapable de servir d’instrument à une supercherie. Je relus la lettre cinq, dix, un nombre considérable de fois.

— Combien a-t-il pu laisser ? me demandait mon frère.

— Je l’ignore ; mais il était riche.

— Réellement, il a prouvé qu’il était ton ami.