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XVI INTRODUCTION


tel, il était étroitement attaché à la personne du souveverain. Celui-ci le qualifie volontiers de domesticus et familiaris[1]; c’est dire qu’il l’avait admis dans son entourage immédiat. Or, le roi Jean était un personnage extrêmement remuant et turbulent, toujours en route, qu’il s’agît d’entreprendre quelque expédition guerrière, d’assister à quelque tournoi ou simplement de visiter ses domaines disséminés dans toute l’Europe. Guillaume dut l’accompagner le plus souvent dans ces folles équipées et ces courses vagabondes qui le menaient en France ou dans TEmpire allemand, en Italie, en Pologne ou en Prusse. Mais, contrairement à ce qu’on voit chez son disciple Eustache Deschamps, ses voyages à travers l’Europe n’ont laissé que très peu de traces dans la vaste production littéraire de Machaut. Cependant, certains passages de ses œuvres contiennent des témoignages directs ou indirects de la part qu’il prit aux déplacements et aux expéditions aventureuses de son maître. Dans le Jugement dou Roy de Behaingne il nous parle d’un séjour qu’il fit avec le roi au château de Durbuy dans le comté de Luxembourg, château dont il donne une description exacte et minutieuse[2].

  1. Documents de 1330, 1332, 1333, 1335 (Romania X).
  2. V. 1365-67 :

    Car vraiement, je mangay yer et bui
    Avec ses gens (sc. du roi) en chastiau de Durbui,
    Et il (le roi) y est.

    Durbuy, aujourd’hui dans la province belge de Luxembourg, était la « résidence favorite de Jean de Luxembourg » (Puymaigre, Revue des questions historiques XLII, 174).