Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/109

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cependant la faire acheminer et faire passer l’eau, premièrement aux bagages, puis à l’infanterie, en après aux reistres, et enfin à tout le reste ; et le lieu y favorisoit parce que les trouppes qui eussent eu à passer les dernières eussent couronné le haut d’une colline à laquelle l’ennemy ne pouvoit venir que par des passaiges fort fâcheux, mesmes à ung seul cheval, sans qu’il peust percer de la veue, ny juger ce qui estoit derrière. Cest avis fut trouvé bon et l’armée disposée à le suivire ; mais n’estant ledit sr de Thoré pleinement rézolu de l’ung ou de l’autre, et tantost faisant ce qui appartenoit à la résolution de combattre, tantost ce qui estoit propre à qui vouloit se retirer, et n’estant déterminé à toutes fins de combattre plus tôt que se retirer en désordre, l’ennemy fit proffit de ses irrésolutions, continuant toujours son dessein, tant qu’à une demye lieue de la rivière de Marne, il se présenta[1] en bataille, en quattre compaignies de gens d’armes de front, flanquées de quelques harquebuziers à cheval qui tiroient de la forest prochaine à leur main droitte, et lors se fallut résoudre au combat, quelque désavantage qu’il y eust. M. de Thoré, donq, commanda au sr de Pontillant, son enseigne, d’aller à la charge. Monsieur de Mouy et monsieur du Plessis y donnèrent ensemble, et à pene se trouvèrent ils dix-huit à ceste charge, qui tous furent ou tués ou blessés, ou prisonniers ; monsieur de Clervaut chargea, mais suivy de peu de rengs de ses Reistres, et y fut pris, monsr de Thoré se retira sans combattre, et tout le

  1. Le 10 octobre 1573 à Dormans.