Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/144

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dre, à rasseurer les places, rassembler les trouppes, faire recevoir garnison aux lieux nécessaires que le mal ne passa point plus outré. M. le Prince d’Orange l’en remercia, les Estatz généraux aussy, et envoyèrent le sr de Ste Aldegonde[1], premier conseiller d’Estat, grand personnage, pour conférer des affaires de la Flandres avec luy. Quant aux Estats de la conté de Flandres, ilz le prièrent en corps de prendre leur conduite en l’absence et pendant la prison de M. de la Noüe, avec mesme authorité et appointemens. Mais il s’excusa, préférant la nécessité des affaires de son maistre à sa commodité et considération particulière. Ses amys principaux à Gand estoient les sieurs d’Utenhoven, de Rioue, de Boucle, de Borluyt, de Mesnage ; à Bruges, de Meetlzerlze, de Boursaut, de Groue, le Baillis de Nieuport, nommé Marchant, qui tenoient les premières charges.

Les premiers mouvemens après la ditte desroute estant arrestez, il reprit son voyage en Angleterre, où il n’eut pas peu de difficulté à persuader la Royne, jà imbue que les armes n’avoient pas esté prises en France avec autant de meureté qu’il estoit nécessaire. Non que les ennemis n’en donnassent prou d’occasions par leurs contraventions ordinaires, mais non suffisantes, ce sembloit aux plus sages, de nous amener à un trouble publiq. Ce nonobstant il obtint d’elle cinquante mil escus pour être employés en Allemagne, et qu’elle assisterait de son aucthorité par ambassades exprès la poursuite d’une levée. Mais sur

  1. Marnix de saint Aldegonde, ami intime et conseiller habituel du Prince d’Orange, Guillaume le Taciturne.