Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/197

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Tours demandans secours à M. du Plessis, il pria M. de Parabère de s’y acheminer, lequel y fut très bien receu. D’autres de ses amys aussy le vinrent assister, par le moïen desquelz il secourut M. de Chavigny à Chinon ; et pour le regard de Saumur, quoy qu’il vist tous les gouverneurs et les voisins désarmer les habitans, il n’y voulut rien innover pour ne leur monstrer signe de crainte ou de foiblesse. Et fut ceste pauvre ville, au milieu des appréhensions de toutes les voisines, la retraicte de toutes les princesses et dames de qualité qui estoient paravant à Tours.

Durant ceste grande mutation, je puis dire avec vérité que je ne le vis presques un moment sans faire affaires, mesmes au milieu de ses accez. Aussy estoit il le secours de la plus part des bons serviteurs du Roy et de l’Estat, en ces pays, qui tous les jours luy escrivoient ou envoioient prendre advis de luy ; mesmes ceux de la court de Parlement[1] à Tours, où présidoit feu M. d’Espesses, l’un des plus grandz personnages de ce temps, avec lequel il avoit communication à toute heure. Il se peut dire maintenant que les choses estoient un jour venues jusques là, mesmes entre les meilleurs, qu’ilz se résolvoient de conseiller au Roy, à présent, de trouver bon que M. le cardinal de Rourbon et luy régnassent ensemble, l’un pour contenir les catholiques, et l’autre pour entretenir ceux de la religion, tous deux néant-

  1. La portion du Parlement de Paris fidèle au roi, qui s’était retirée à Tours lorsque la Ligue était devenue maîtresse de Paris, et qui s’appelait le Parlement du roi.