Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/199

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rien voulu faire avec luy. Le jour donq fut pris que monsieur du Plessis le devoit aller recevoir ; et pour faire tout plus seurement, il pria messieurs de la Boulaye, de Parabère, de Feuquères, nepveu de feu mon mary, et de Chouppes de se rendre à point nommé sur le bord de la Vienne, à ce jour là, proche de Chinon, ce qu’ilz firent très à propos et avec de belles forces. La matière n’estoit pas sans difficulté car M. de la Chastre avoit entreprise sur Chinon pour sa délivrance, et soubs main la négotioit par argent. Messeigneurs le cardinal[1] de Vendosme et conte de Soissons menaçoient vivement M. de Chavigny, et par lettres expresses, en cas qu’il le laissast aller de ses mains. Mesmes, sur le jour pris, se trouva monseigneur le conte de Soissons avec forces à Langest, et monsr le duc d’Espernon[2] avec les siennes à Noastre qui estoient bien suffisans de rompre cest effect. Nonobstant il estima que le différer n’y pouvoit que nuire, et montant à cheval, tout malade qu’il estoit, l’alla recevoir avec un petit nombre de ses amys au chasteau de Chinon, où il fut très-bien recueilly de M. de Chavigny, et avec une extrême confiance. Puis luy fit passer Vienne, au delà de laquelle les srs de la Boulaye, de Parabère et de Chouppes estoient en bataille, et le conduit jusqu’à Loudun. Les six mil escus furent livrés contant à M. de Chavigny ; pour les quatorze mil escus, luy ont esté constituées depuis quatorze centz

  1. Archevêque de Rouen.
  2. Jean-Louis de Nogaret, duc d’Épernon, l’un des favoris de Henri III, qui le combla de faveurs. Il mourut en 1642, à l’âge de 88 ans.