Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/229

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tables l’ordre[1] de l’Eglize d’Angleterre, les livres aussy qui avoient esté escritz de part et d’autre, luy demandant fort précisément son advis sur le tout. A quoy monsieur du Plessis luy fist responce ; et se trouve encor en ses papiers une lettre en latin qu’il luy escrivit, assés ample, s’excusant touteffois d’un plus long escrit par les armes qui le pressoient lors, et[2] y a apparence, par le repos qui peu après fut laissé aux dits Puritains, qu’elle ne fut pas sans fruict.

Arrivant à Diepe qui fut en février 1592, il trouva le Duc de Parme jà bien avant en Picardie, et le lendemain eut la nouvelle de la blessure que le Roy avoit receue en la retraicte[3] d’Aumalle, qui y fut apportée avec un grand effroy. Mais Sa Majesté eut soin de luy escrire qu’il ne s’en mist en pene, qu’il en assurast partout ses serviteurs, et en ces motz que ce n’estoit qu’une piquure de mouche, le coup estant touteffois tel que tant soit peu plus avant, il estoit mortel ; les lettres qu’il escrivit à Sa Majesté se trouvent, où il luy remontroit vivement le danger où, en sa personne, il mettoit son Estat et tous les gens de bien, qu’à la vérité il n’avoit esté mauvais que son peuple reconnust combien luy valoit sa vie,

  1. Les trente-neuf articles de la confession de foi de l’Église anglicane, rédigés en 1562, par Parker, archevêque de Cantorbéry.
  2. En dépit d’une persécution assez vive, les puritains gagnaient du terrain en Angleterre ; le Parlement cessa de leur être hostile, et de 1590 à 1603, ils y obtinrent une minorité considérable qui contribua, peut-être un peu plus que la lettre de M. du Plessis, à ralentir les rigueurs à leur égard.
  3. L’échauffourée d’Aumale, comme le roi l’appelait lui-même, eut lieu le 5 février 1592.