Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/230

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mais que c’estoit donq à luy, puisqu’il aymoit son peuple, d’en aymer la conservation. Or, Sa Majesté fut fort ayse de le revoir, et luy parla, selon sa privauté accoustumée, de plusieurs choses, mesmes de l’esbranlement qu’il avoit veu en plusieurs lors de sa blessure.

Le mois se passa en factions ordinaires de guerre, parce que le Duc de Parme s’avancea, prit Neufchastel et se vint loger proche de Rouen pour en faciliter le secours, lequel toutes fois il ne tenta de vive force ; et tout ce temps fut monsieur du Plessis en son quartier avec sa trouppe, faisant lors la teste de l’armée, non sans fatigue, et accompagnant Sa Majesté en toutes ses entreprises. Mesmes elle avoit retenu sa trouppe pour combattre près d’elle ; enfin pour ce coup le duc de Parme se retira, dient les uns par ce qu’il fut averty par ceux de Rouen qu’ilz n’avoient sy tost besoin de son secours, à l’occasion de l’heur que le sieur de Villars avoit eu en une sortie où il tailla en pièces les tranchées et prit partie du canon ; dient les autres, parce aussy qu’il estoit bien ayse de se faire prier afin de tirer meilleures conditions de leur nécessité pour les affaires du Roy d’Hespagne son maistre, et l’un et l’autre y pouvoit servir.

Ne laissa, durant ceste chaleur des armes, monsieur du Plessis de remettre le Roy sur les propos tenus par le sieur de Grammont lesquelz il trouva comme taris en son absence, et là dessus de faire voir au Roy combien la paix lui estoit nécessaire, mesmes pour sortir de trois ou quattre espèces de gens qui le tenoient en tyrannie, de laquelle n’y avoit moyen