Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/231

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de se délivrer que cestuy là ; les uns disans qu’ilz luy avoyent mis la couronne sur la teste, qu’il n’avoit point encore, et en voulans la récompense et le gré ; les autres, qu’il ne pouvoit estre Roy s’il n’estoit catholicque, qui seroient muetz quand ceux de la Ligue l’auroient reconnu ; nombre d’autres, qui chacun estoient plus Rois que luy et à peine luy déferoient le baisemain, qui ne le reconnoistroient jamais que par une paix, outre que tous ses voisins commencoient à traicter avec luy comme avec un Roy déppossédé, et sans plus avoir esgard à son degré, ny à la dignité de son Royaume. Il connut que ces propos, qui touchoient à la vérité son intérest, l’avoient esmeu et qui luy feroit chose agréable d’en tenter les chemins ; qui fut cause, le duc de Parme s’estant retiré, que, pour avoir plus de liberté, il fit trouver bon au Roy de renvoyer sa compagnie de gendarmes ; et luy demandèrent monsieur de Buhy son frère et luy congé d’aller faire leurs partages, prenans subject sur la mort de feu madamoyselle de Buhy leur mère, peu avant avenue ; ce qui leur fut accordé pour peu de jours ; et parce que la maison de monsieur de Villeroy, qui pouvoit beaucoup envers monsieur de Maine, estoit proche de Buhy, monsieur du Plessis partant demanda au Roy, sy on vouloit parler à luy, s’il trouveroit bon qu’il prestast l’oreille ; à quoy le Roy lui respondit que pour luy il n’y avoit nul danger, se doutant bien monsieur du Plessis qu’il ne seroit sy tost à Mantes où ilz alloient parler de leurs partages que le sieur de Villeroy ne le fist visiter. Ce mot fut le commencement de la négociation de la paix que Dieu bénie, dont sera plus