Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nues, monsieur du Plessis courut beaucoup de danger ; mesmes faillit à estre pris partant de Buhy, après une conférence, par ceux de Beauvais et de Dreux qui s’estoient assemblés pour le surprendre, plus par hayne de la paix que de luy. Fut aussy interrompue par le retour du duc de Parme, dont s’ensuivit que le siége de Rouen[1] fut levé, mais aussy le duc de Parme réduit en telle difficulté qu’il luy convint faire une peu honorable retraicte ; mesmes la paix ne fut pas peu déffavorisée par la desroutte avenue devant Craon[2] des forces de messeigneurs les Princes de Conty et d’Ombes par monsieur de Mercueur, suffisans empêchemens pour traverser un plus facile affaire.

Mais tant y a que les choses furent amenées à ce poinct pour le service du Roy, qu’il faisoit connoistre à son Royaume qu’il se mettoit en tous les devoirs possibles pour avoir la paix, et que sy elle avoit à se rompre, ce n’estoit pas pour le différend de la Religion qui luy estoit particulier, mais pour les respectz de l’Estat qui leur estoient à tous communs, puisque tant estoit qu’il estoit d’accord avec eux en ce qui concernoit l’instruction de sa personne, en quoy, en tout cas, monsieur du Plessis ne pensoit pas avoir peu gaigné pour descharger S. M. d’envie et calomnie ; et pour son regard particulier, il parvint jusques là, par l’introduction, poursuite et acheminement de ce traicté, que tous les plus grandz reconnurent que la France luy avoit de l’obligation, estant autheur, quoiqu’il en avînt, presque seul de

  1. Mai 1592.
  2. Le 23 mai 1592.