Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/274

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les officiers des finances. Cela fut cause entr’autres que S. M., sur la réquisition qui luy fust faicte par lesditz corps et communaultez, d’establir ez blocus qui se feroit personnes hors de soupecon et d’intelligence avec les ennemis ou d’avarice, leur promit d’en bailler l’un des principaux en garde à monsieur du Plessis, et luy commanda de l’y venir trouver au plus tost avec sa compagnie de gens d’armes. Mais ce dessein fut retardé par l’entrée de l’armée Espagnole en Picardie sous la conduite du comte Charles de Mansfeld[1] qui, pendant ces séjours de Saumur et de Tours, assiégea et réduit à composition Noyon, qui donna occasion aussy à monsieur du Plessis de ne haster son partement, joinct que S. M. luy donna charge et commission pour vendre jusques à deux cens vingt et cinq mil escus du fondz de son domaine de Navarre pour le payement des trois vieux régimens des Suisses, à scavoir de Soleure, Glariz et des Grisons, dont le premier terme, qui montoit près de 50 000 livres, devoit estre fourny avant son partement ; vente à laquelle il contredit plus d’un an pour ne voir dissiper ceste maison en ses mains, mais à laquelle finalement S. M. luy commanda de céder pour la nécessité urgente de ses affaires.

Advint en ce temps, sur la fin d’avril, que propos de paix se remirent en avant, dont l’occasion fut telle ; le cardinal de Gondy, duquel a esté cy devant parlé, ne peut estre receu à Rome, le Pape s’estant obstiné à cela, prétendant qu’il avoit connivé avec

  1. Pierre Ernest, comte de Mansfeld, grand seigneur et général allemand célèbre, né en 1517, mourut en 1604.