Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/28

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guouvernée avec beaucoup d’honneur et de louange, et continuant en son veufvage a passé son temps à bastir et accommoder le bien de ses enfans, où elle a prins ung singulier plaisir, et continue tous les jours de mesme ; a mariée l’une de ses filles qui lui restoit, Françoise de Mornay, à Anthoyne le Sénéchal sieur Dauberville, issu d’une des plus anciennes maisons de Normandie, faisant profession de la vraye religion, et dont sont issuz plusieurs enfans. Et luy reste encorres deux filz avec lesquelz elle est, à l’heure que j’escrips, empeschée pour faire leur partaige des biens de feu M. de Buhy et d’elle, s’estant eux deux ensemble accordés et l’ayant suppliée d’estre elle seulle leur arbitre, affin que, quand il plaira à Dieu la retirer, ils continuent en l’amityé qui a esté entre eux de son vivant, et puissent se retirer chacun d’eux en paix en leur maison. L’aisné est messire Pierre de Mornay, seigneur de Buhy, etc., marié avec dame Anne d’Enlezy, seule héritière d’une bonne maison de Bourbonnois, et duquel le père avoit beaucoup de bien en Normandie dont elle a hérité ; son second filz est Philippe de Mornay, seigneur du Plessis[1], etc., mon très honoré seigneur et mary, celuy duquel je veux, aydant Dieu, escrire, pour servir après nous à nostre postérité à craindre Dieu et espérer en luy. Or, iceluy ayant été en la maison de ses père et mère soubs la garde de sa nourrisse eslevé jusqu’à cinq ans, luy fut baillé un Adrian, prebstre de Beauvais, pour commencer à luy aprendre à lire et

  1. Le manuscrit de la Bibliothèque impériale et l’édition de M. Auguis portent « du Plessis Marly ».