Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/321

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auquel présida monsieur de la Touche. Plusieurs personnages de nom s’y trouvèrent, entr’autres messieurs Merlin et de Serres ; monsieur du Plessis n’en perdit pas une seule séance, tant en sa qualité de lieutenant du Roy qui luy donnoit entrée qu’à la prière de la compagnie qui prenoit plaisir de l’y voir, et s’il tardoit tant soit peu, l’en envoyoit prier. Il y fut traicté plusieurs matières de conséquence, confuté aussy quelques héréticques, nomméement un venu de Suisse introduisant une justification par les œuvres, après la régénération, un autre de Poictou, mal distinguant les deux natures et subtilisant sur une question scholastique, sy Christ, pendant les trois jours qu’il feut au sépulchre, estoit homme. Je receus aussy beaucoup de contentement des bons et familiers devis que j’euz avec ceux qui se trouvèrent en ce synode, et beaucoup de consolation qui m’estoit donnée par aucuns d’eux sur l’appréhension et menace d’une paralysie de la moitié de moy, et de la perte de veüe, dont Dieu me soulagera s’il luy plaist, et leurs propos fondés sur la providence de Dieu qui nous ayme et en nous affligeant d’une main, nous relève et console de l’aultre. Monsieur du Plessis imputoit à une grande bénédiction sur Saumur d’avoir ceste bonne compagnie, et parce qu’en ce mesme temps estoit monsieur du Plessis proche d’achever l’œuvre par luy commencée de la messe qu’il fut prié de mettre au plus tost en lumière, il requit messieurs du synode de nommer quelques uns d’entr’ eux ausquelz il eust à le communiquer, lesquelz nommèrent monsr Merlin qui avoit choisy son séjour à Saumur pour quelques