Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/323

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poursuites et de patience, qu’ilz s’en retournoyent chacun en sa province en intention de cercher les remèdes de leurs maux en eux mesmes, dont se fust infalliblement ensuivy un trouble pour achever la ruine de cest estat sy, par l’industrie de monsieur du Plessis, le Roy n’eust esté averty à propos de ce danger éminent et par luy persuadé d’envoyer à bon escient traicter avec les sieurs de la ditte assemblée, et qu’il n’estoit plus question de les mener sur paroles, mais nécessaire de leur faire toucher les effectz de sa bonne volonté. Et fut le sieur Hespérian, filz du ministre Hespérien de Béarn, instrument de ceste négotiation vers S. M. à laquelle quelques malveillans taschoient de faire croire que ce n’estoient que fausses alarmes qu’il luy donnoit pour le ployer aux demandes de ceux de la religion. Sur ce néantmoins, furent envoyés messieurs de Vie et de Calignon, conseillers d’estat, vers la ditte assemblée ; puis, parcequ’ilz n’avoient pas suffisant pouvoir pour la contenter, furent députez six du nombre d’icelle vers le Roy, et finalement n’ayant iceux peu obtenir du Roy le consentement requis, fut commis le traicté à messieurs de Schomberg et président de Thou lors en la province pour le traicté de Bretagne, leur demeurans pour adjointz les ditz sieurs de Vie et de Calignon.

Ce traicté dura plus d’un an, pendant lequel n’y eut pas peu de pêne à tempérer les aigreurs sur infinis griefs qui se représentoient tous les jours, capables d’épuiser toute patience ; et ne fut pas sans pêne monsieur du Plessis pour éviter les calomnies de toutes partz ; ce que touteffois il obtint par la