Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/395

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aussy plus tost en attente qu’en doute de cest avènement pour les préparatifz que j’en voyoy qui m’y avoient préparée, et monsieur du Moulin[1], ministre de Paris, à son retour de Fontainebleau nous en redoubla bien l’alarme, mesme à mes filles à qui il déclara l’extresme maladie de monsieur du Plessis ; et quelques ungz adjoustoient qu’il y avoit tous signes de poison, ce qu’ilz me celèrent à cause de ma grande foiblesse, et y pourvoyoient de tout leur pouvoir pour lui envoyer du secours, quand M. Périllau arriva vers moy depesché par M. du Plessis qui m’en conta l’histoire et nous donna meilleur espoir de sa maladie, à laquelle il avoit esté promptement pourveu.

A l’heure mesmes, je priai M. du Moulin de faire un sommaire escript de ce qui s’y estoit passé, lequel je fay semer par la ville, et fut envoyé dedans et dehors le Royaume, pour prévenir les mauvais bruictz, pendant que monsr du Plessis, jour et nuict, nonobstant sa maladie, faisoit de mesme à Fontainebleau, assisté de notre filz, et des sieurs de la Roche Chaulieu et des Bordes Mercier qu’il avoit menez avec luy, aussy du sieur de la Fin qui l’alla trouver à Fontainebleau aussy tost qu’il seut que monsieur du Plessis y estoit arrivé, l’escript que dessus, imparfait à la vérité et qui néantmoins, parce qu’il vint à temps, fit un grand fruict, parceque l’estonnement avoit passé entre les nostres, quelques ungz mesmes de ceux qui y avoient esté présens, lesquelz à la veüe d’iceluy reprirent leurs

  1. Célèbre pasteur protestant de cette époque et grand controversiste.