Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/402

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avec estonnement d’un chacun. Ce qui est remarquable à mesme instant, il tomba au jardin, nommé Matignon, et brusla les orangers du Roy ; il estoit lors couché avec la Damoyselle d’Entragues et en fut estonné extraordinairement, mais elle de telle sorte[1] qu’elle en tomba malade. Les plus contraires reconnoissoient le doigt de Dieu en ces prodiges, et n’y vouloit-on plus prester d’Eglize au sr d’Evreux pour prescher, comme de faict il cessa, et disoit-on qu’il avoit protesté qu’il n’y prescheroit plus que l’hyver ne fust venu.

Revenant à mon séjour de Paris, encor pour ne rien désespérer taschay-je d’achever quelque affaire domestique, autant que la rigueur de Mr de Rhosny le pouvoit comporter. C’est que le Roy, il y avoit quelques mois, avoit accordé à monsr du Plessis la surintendance générale des mines du Royaume, vacante par la mort de monsr d’Incarville, conseiller d’Estat et contrôleur général des finances, mais de laquelle monsieur le grand escuyer avoit esté pourveu ; et par ce qu’il la possédoit inutilement, le Roy consentoit de le récompenser de quatre mil escuz et iceux prendre sur la taxe des Procureurs de Languedoc cy-devant supprimez, que, moiennant icelle, on restabliroit. De ce restablissement, M. du Plessis avoit faict donner arrest au conseil privé, et de la finance qui en provenoit j’avoy faict expédier le don par l’entremise de M. de Fresne secrétaire d’Es-

  1. Elle était grosse et accoucha d’un enfant mort ; le roi lui avait donné une promesse de mariage, dans le cas où elle aurait un fils, pour remplacer la première promesse de mariage que Sully avait déchirée.