Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/54

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partir promptement de Paris le sabmedy, veille de ce mauvais jour, sur les quattre heures du soir, dont elle alla coucher à Ponthoize, moitié chemin de sa maison. Il luy sembloit ne pouvoir honnestement s’exempter du péril, pendant que ces Princes[1], monsieur l’Amiral et tant de Seigneurs de qualité y estoient. Le sabmedy au soir, monsieur du Plessis revint fort tard de chez monsieur l’Amiral, et fut averty que les armes se remuoient chez quelques bourgeois. Il estoit logé en la rue St Jacques, au Compas d’Or, et s’estoit fait marquer le sabmedy, lendemain de la blessure de monsr l’Amiral, ung logis en la rue de Bestizy, proche du dit sr Amiral, pour y pouvoir aller plus commodément à toutes heures. Dieu voulut que ce logis ne pouvoit estre prest jusques au lundy. Le dimanche matin, à cinq heures, le susdit Alleman qu’il avoit envoyé vers le logis de feu monsr l’Amiral, revenant tout estonné, l’avertit du fracaz qui se faisait. Il se lève promptement et s’habille pour y aller, mais diverses rencontres le retinrent au logis. Son hôte s’appelloit Poret, qui vit encor, Catholique Romain, mais homme de conscience. Là on le vint cercher, et à pene eut-il loisir de brusler ses papiers. Il se jetta entre deux toists, et n’en sortit qu’il ne sentist partir les rechercheurs. Le reste du jour se passa en quelque patience, et pendant iceluy il envoya chez monsieur de Foix, de l’amityé duquel il s’assuroit, pour estre aydé de luy à sortir du danger. Mais il s’estoit jà retiré au Louvre, ne se sentant pas luy mesmes assez

  1. Le roi de Navarre et le prince de Condé.