Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/69

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fin, fut recherché de monsr le Prince de Portian[1] et accepta sa lieutenance en sa compaignie de gens d’armes, voyant d’une part qu’il ne pouvoit estre sy tost bien en court, et d’autre part que le dit feu Prince de Portian estoit tout plain de zèle et affection à la Religion, et qui promettoit beaucoup. Et de vray la paix[2] estant faicte et voyant tous les Huguenots[3] généralement disgraciez en la court, il se retira avec luy en Champaigne, et lui feit fortifier la terre de Linchamp aux Ardennes qui appartenoit à dame Caterine de Clèves sa femme qui depuis espouza monsr de Guise. Peu de temps devant les troubles St Denis, feu M. de Feuquères vint à Paris et eut envie de se marier, et en fit parler à feu monsr de la Borde mon père, et luy monstra quelques donations tant de terres que dons testamentaires que luy avoit fait le dit Prince de Portian qui estoit mort il y avoit troys moys. Nostre mariage fut concleu, et les annonces publiées le Jeudy, dont nous devions estre mariés le Dimanche, jour de St Michel. Monsieur de Feuquères fut mandé de monseigneur le Prince pour l’entreprize de Meaux[4]. Il partit le Vendredy matin, avec son équipage, et assez heureusement, des portes de Paris ; mais monsr de la Borde, mon père, voulant partir l’après dinée et nous amener avec luy, courut beaucoup

  1. Henri de Croy, Prince de Portian.
  2. L’édit de pacification signé à Amboise le 19 mars 1563.
  3. Le manuscrit de la Bibliothèque impériale et l’édition de M. Auguis portent « tous ceux de la Religion. »
  4. Au mois de septembre 1567, le Prince de Condé voulut enlever le jeune roi Charles IX et toute sa cour, pour s’emparer de l’autorité. La fidélité des Suisses fit échouer cette entreprise.