Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/89

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régions et langues étrangères ; et luy ay plusieurs fois ouy dire qu’estant en une profonde méditation il eut un instinct de la prochaine et certaine délivrance de la Rochelle, ne pouvant imaginer d’où elle pouvoit venir. Car qui eust peu alors penser aux Polonais qui eux mesmes n’y pensoient pas ? Mais monsieur le Duc d’Alençon continuant ses desseingz, sous l’aile duquel plusieurs Seigneurs de la Religion commenceoient à se réchauffer, il se résolut, à l’instance particulière de M. de la Noue[1], de repasser en France. Tost après dong se brassa la reprise des armes pour laquelle il tracassa beaucoup, contestant touteffois tousjours par plusieurs raisons avec le dit sieur de la Noue qu’il ne falloit point mesler les affaires de la Religion avec celles de monseigneur le Duc d’Alençon, mais faire son cas à part et se contenter d’avoir bonne intelligence avec luy. Le contraire fut suivy, et ce qui s’en suivit ne luy fit repentir de son avis ; de là par la précipitation de quelques ungz s’ourdit l’entreprise[2] de St Germain, auquel lieu il estoit allé pour tirer de là messieurs de Thoré et de Turene, pour l’exécution de quelques notables entreprises en Normandie qu’ilz avoient résolu d’exploiter au dixième Mars 1574, comme plusieurs autres en France. La conclusion en estant prise avec eux, arrive homme de la part de monsieur de Guitry, annonçant à

  1. François de la Noue, dit Bras de fer, né en 1531, ami et compagnon de Henri IV, illustre parmi les protestants, à beaucoup de titres divers, comme guerrier, comme politique et comme aussi modéré que vertueux, mourut en 1591, au siège de Lamballe.
  2. Projet du roi de Navarre, du duc d’Alençon et du prince de Condé, pour s’évader de la cour.