Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/98

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ceste occasion, et se joindre en cause avec ceux de Hollande et de Zeelande, puis qu’ilz estoient jointz en intérest, ce qui avint peu de temps après, ainsy qu’il se peut voir en l’histoire.

En ce temps, j’estois à Sedan, et voyois quelquefois monsieur de Buhy et monsieur du Plessis, pareillement monsr des Baunes, leur jeune frère ; j’estois logée chés le sieur de Verdavayne, médecin de feu monsieur de Bouillon, assez près d’eux. Au moys d’aoust ensuyvant, M. de Buhy feit quelque voyage secret en sa maison ; et pendant son absence, qui fut environ deux moys, monsieur du Plessis et monsieur des Baunes continuoient tous les jours à me venir voir, et prenois grand plaisir aux bons et honnestes propos de M. du Plessis. Touteffois, ayant vescu solitaire depuis l’espace de plus de cinq ans que j’estois veufve, et ayant envye de continuer de mesmes, je voulus, de propos délibéré, sonder son desseing, luy disant comme je trouvois estrange d’aucuns suyvans la guerre qui pensoient à se marier en temps sy calamiteux. Mais l’en ayant trouvé fort eslongné et congnoissant la bonne réputation en laquelle il estoit, je pensay que ceste hantise estoit à cause du voisinage ; et puis j’avois pris plaisir, depuis que je m’estois retirée à Sedan, pour passer plus doulcement ma solitude, en l’arithmétique, en la painture et en autres estudes dont quelquefois nous devisions ensemble, de sorte que je feus bien ayse qu’il continuast à me venir voir, et en peu de temps, l’affectionnay autant que pas un de mes frères, combien que je ne pensasse point à mariage. Monsieur de Buhy estant de retour, il fit entendre à monsieur du Plessis comme