Page:Maeterlinck - Les Morts ne meurent pas, paru dans Le Figaro, 29 août 1915.djvu/5

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Il est entendu que la paix est préférable à la guerre ; ce sont deux termes qu’il est insensé de comparer entre eux. Il est entendu que si ce cataclysme déchaîné par une folie sans nom ne s’était pas abattu sur le monde, l’humanité eût sans doute atteint avant peu un point culminant dont il est impossible de prévoir les surprises et les révélations. Il est entendu que si le tiers ou le quart des sommes fabuleuses dépensées pour exterminer et détruire avait été consacré à des œuvres de paix, toutes les iniquités qui empoisonnent l’atmosphère que nous respirons eussent été magnifiquement réparées et que la question sociale, qui est la grande question de vie ou de mort que la justice pose à l’avenir du genre humain, eût été une fois pour toutes et définitivement résolue dans un bonheur que nos fils ou nos petits-fils ne connaîtront