Page:Magasin d'Éducation et de Récréation, Tome XIII, 1901.pdf/10

La bibliothèque libre.
Cette page n’est pas destinée à être corrigée.

LA GRANDE FORÊT

veillé, le campement eût été envahi pendant le sommeil d’Urdax et de ses compagnons. Inutile de mentionner que Max Iluber et John Cort avaient aussitôt quitté l’entredeux des racines, et rejoint le Portugais et le foreloper. II était un peu plus de dix heures et demie. Une profonde obscurité enveloppait la plaine sur les trois quarts de son périmètre, au nord, à l’est et à l’ouest. Seul le sud s’éclai­ rait de ces flammes falotes, jetant de vives clartés lors­ qu’elles tourbillonnaient, et dont on ne comptait pas alors moins d’une cinquantaine. « Il doit y avoir là un rassem­ blement d’indigènes, dit Urdax, et probablement de ces Boudjos qui fréquentent les rives du Congo et de l’Oubanghi. — Pour sûr, ajouta Khamis, ces flammes ne se sont pas allumées toutes seules... — Et, fit observer John Cort, il y a des bras qui les portent et les déplacent ! — Mais, dit Max Iluber, ces bras doivent tenir à des épaules, ces épaules à des corps, et de ces corps nous n’apercevons pas un seul au milieu de cette illumination... — Cela vient de ce qu’ils sont un peu en dedans de la lisière, dissi­ mulés derrière les arbres... observa Kha­ mis. — Et remarquons, reprit Max Iluber, qu’il ne s’agit pas d’une bande en marche sur le contour de la forêt... Non ! si ces feux s’écartent à droite et à gauche, ils reviennent toujours au même endroit... — Là où doit être le campement de ces indigènes, affirma le foreloper. — Votre opinion ?... demanda John Cort à Urdax. — Est que nous allons être attaqués, ré-

9

pondit le Portugais, et qu’il faut, à l’instant, faire nos préparatifs de défense... — Mais pourquoi ces indigènes ne nous ont-ils pas assaillis avant de se montrer ?

— Des noirs ne sont pas des blancs, déclara Urdax. Néanmoins pour être peu avisés, ils n’en sont pas moins redoutables par leur nombre et par leurs instincts féroces... — Des panthères que nos missionnaires auront bien du mal à transformer en agneaux ! déclara Max iluber. — Tenons-nous prêts ! » répondit le Por­ tugais. Oui, se tenir prêts à la défense, et se dé­ fendre jusqu’à la mort, car il n’y a aucune pitié à espérer de ces tribus de l’Oubanghi. A quel point ils sont cruels, on ne saurait