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ANDRÉ LAURIE

vation où il avait élu domicile, au bas de la pelouse, il put constater que M. Weberrevenait à l’habitation par le sentier de la Tour phénicienne, en compagnie de Martial Hardouin.

L’espion en conclut naturellement que le trou du ravin devait être en communication directe avec la tour et il se promit d’élucider la question.

Quelques jours plus tard, il n’avait plus rien à apprendre sur le laboratoire souterrain. Pourvu par son séide Ibrahim de la lanterne indispensable pour son exploration, il avait pénétré dans la galerie en pente douce qui partait du ravin, il était arrivé jusqu’à la salle voûtée, il avait vu de ses yeux l’arsenal complet, les obus de bois, les sacs marqués poudre K. Sans doute, il ne connaissait pas la nature du redoutable explosif ; mais il en connaissait désormais le dépôt ; il savait où le trouver au besoin ; il avait pu s’assurer non seulement que l’accès de ce dépôt était libre, mais qu’il était facile, à la fois par la galerie aboutissant aux abords de Massey-Dorp et par un autre souterrain débouchant sur une des terrasses inférieures de la forteresse phénicienne.

Dès lors, il avait en mains tous les éléments nécessaires au marché qu’il se proposait d’offrir aux agents anglais : non pas à vrai dire le secret du nouvel explosif, mais une provision toute faite de ce terrible moyen d’action.

Le soir même, quand Ibrahim parut devant lui, Benoni lui donna l’ordre d’amener les deux chevaux retenus au piquet, dans une clairière voisine.

C′étaient deux de ces robustes poneys du Transvaal qui vivent d’une poignée d’herbes ou de racines, échappent aux maladies fatales dans l’Afrique australe à leurs congénères d’Europe ou d’Asie, et sont toujours prêts aux plus rudes besognes. Ceux-ci avaient été choisis avec soin par M. Masseylui-même pour le service de son exploitation, et par Ibrahim parmi les vingt meilleurs poneys du Dorp.

Benoni enfourcha le plus grand, fit signe à son acolyte d’enfourcher l’autre et dit :

« En route pour Boulouvayo !… »

André Laurie.

(La suite prochainement.)